B - Les différents théâtres au fil du temps

Publié le 20 Février 2015

Etymologiquement, le mot « théâtre » vient du verbe grec « theomai » qui signifie « voir ». Le Théâtre d’Epidaure, associé au Sanctuaire d’Asclépios, fut construit en 2 temps, pendant la période hellénistique, au début de l’occupation romaine de la Grèce. Ainsi fut-il édifié au IVe siècle avant JC puis au début du IIIe siècle avant JC. En tant que sanctuaire, il était dédié à Asclépios, Dieu guérisseur et symbole de la médecine grecque, il s’y est développer une véritable école de médecine. Il y a alors plusieurs légendes expliquant sa construction. L’une d’elle serait que le roi de Thessalie, Phlégyas, est venu à Epidaure dans le but d’examiner les richesses de la région et de les voler. Lors de son séjour, sa fille, Coronis, tomba sous le charme d’Apollon et mit au monde un enfant qu’elle abandonna près d’Epidaure. Cet enfant, Asclépios, grandit auprès d’animaux. Une autre version, toutefois, dit que Coronis, après avoir trompé Apollon, aurait été dénoncée à Apollon par une corneille. Ainsi fut-elle tuée, mais avant de mourir, Apollon aurait sauvé l’enfant. Dans les deux cas, Asclépios fut ensuite confié au centaure Chiron, un être sage et érudit, qui lui enseigna la médecine. Ainsi Asclépios trouva-t-il le moyen de ressusciter les morts, il fut alors foudroyer par Zeus pour garder l’équilibre sur Terre. Après sa mort, il fut transformé en constellation, le Serpentaire. Au fur et à mesure du temps, on lui donne pour enfant Panacée et Hygie (personnification de la santé). Petit à petit, ce héros dépassa les autres dieux guérisseurs et fut considéré comme un dieu à part entière. Tous les quatre ans, l’édifice, contenant plusieurs bâtiments (temples..) accueillait les Asclépias, des concours où des épreuves théâtrales et sportives avaient lieu en honneur aux dieux. Il peut accueillir 12000 spectateurs dans ses gradins. Encore aujourd’hui, il reste un lieu de représentation. Depuis 1954, il accueille le Festival D’Epidaure, tout l’été, des représentations de tragédies antiques y ont lieu. De plus, il est l’un des théâtres antiques les mieux conservés, pourtant peu restauré.

 

En effet, le théâtre d’Epidaure fait preuve d’une acoustique exceptionnelle et d’une harmonie architecturales. Ainsi, un son produit au bas des gradins se propage jusqu’aux rangées supérieures. En effet, pour les architectes, ce qui se voyait bien, s’entendait bien. Ainsi les gradins sont-ils étendus car plus l’angle est important, plus la vue est dégagée et le son direct perçu correctement. Si à l’époque pour accueillir les pélerins venus se soigner, le propylon était l’entrée d’un genre de salle de restauration autour d’une cour intérieure, à l’époque romaine, le propylon devint un petit temple dédié à Hygie et la cour intérieure un odéon romain. Le théâtre romain, lui, gare la forme en hémicycle du théâtre grec, cependant ils ne sont plus adossés au flanc d’une colline. Le chœur a disparu et est remplacé par des sièges pour les magistrats et les sénateurs. C’est dans les théâtres romains que le rideau apparaît pour cacher la scène des yeux des spectateurs et un « velum » fait son apparition pour protéger les spectateurs du soleil ou de la pluie. Entre l’ère grecque et romaine, la mise en scène des pièces de théâtre change elle aussi, les acteurs romains sont méprisés et souvent recrutés chez les esclaves ou les affranchis et les pièces romaines sont portées sur la danse et la musique, ce qui donnera naissance à la pantomine, une sorte de ballet. De plus, les décors étaient très utilisés pour permettre de cacher les personnages ou situer la scène. Les théâtres romains ont permis de faire une transition entre les théâtres Grecs antiques et les théâtres modernes. Cependant au XIe siècle, le théâtre renaît avec le drame liturgique, joué à l’intérieur d’église où des prêtres et autres membres du clergé illustraient la liturgie. Au fur et à mesure du temps, des jeux profanes apparaissent et on joue ces pièces sur le parvis de l’église ou bien même sur la place publique, la bonne acoustique est donc négligée pour la vue et le spectacle. A partir du XVe siècle, le drame profane se développe. Dès le XVIe siècle, plusieurs architectes italiens édifient des théâtres fixes, considérés comme modernes, comme Bramante au Vatican ou Palladio à Vicence. C’est l’époque de la commedia dell’arte en Italie où les acteurs sont rémunérés et jouent aussi bien à l’intérieur de palais qu’à l’extérieur. La scène italienne s’imposera partout et passera d’une forme en hémicycle à une forme de fer à cheval pour pouvoir accueillir un maximum de spectateurs dans un minimum de place. En effet, Palladio construit, au début du XVIIe siècle,  le premier théâtre couvert de l’époque moderne, inspiré d’anciens théâtres. En France, le XVIIe siècle est le siècle du théâtre, qui est reconnu comme un art officiel par Richelieu bien que le clergé y soit hostile et considère que les comédiens doivent être excommuniés. 

Le teatro olimpico est aujourd’hui considéré comme le prototype des théâtres à l’italienne, comme le Théâtre de Douai (1783), aujourd’hui monument historique. Les salles de concert à l’italienne, comportant des colonnades, statues et fioritures, favorisent la diffusion du son. Il possède donc toutes les caractéristiques d’un théâtre à l’italienne. En effet, la salle et la scène se réponde en étant séparées par un rideau et le cadre de la scène. Ce dernier est orné d’un linteau, décoré avec des bas-reliefs faisant allusion à la mythologie grecque et aux origines du théâtre. La muse de la comédie, celle du chant et de la tragédie et la muse de la musique y sont représentées. Le théâtre à l’italienne de Douai a gardé son ancienne machinerie qui assure le bon fonctionnement des décors. La salle possède un parterre et des baignoires, correspondant aux loges séparées, au même niveau que le parterre, ainsi que des balcons qui forment un fer à cheval. Elle possède aussi une zone appelée Paradis (ou loge grillagée), soit le dernier étage de la salle. Dans ces salles « à l’italienne » on vient autant pour voir le spectacle que pour être vu des autres spectateurs. Et c’est à cette époque qu’en Angleterre, Oliver Cromwell, Lord Protecteur, ferme et détruit les théâtres et une fois renversé, les nobles anglais reviennent de France où ils étaient partis apprécier les différents spectacles. Aujourd’hui, l’art du théâtre se confond presque avec le spectacle vivant. Ces représentations théâtrales utilisent de nombreux décors et accessoires. De plus, grâce à des avancées techniques et scientifiques, les salles de théâtres, d’opéras et de spectacles en général, ont évolué pour obtenir une acoustique exceptionnelle, en plus de la beauté de la salle, en utilisant les formes et les matériaux à leur avantage.